Se débarrasser du capitalisme est une question de survie by Paul Jorion

Se débarrasser du capitalisme est une question de survie by Paul Jorion

Auteur:Paul Jorion [Jorion, Paul]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fayard
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


*

Historiquement, l’argent a pris des formes multiples, et plus particulièrement celle des métaux précieux, or et argent, qui constituèrent l’étalon, le point d’ancrage idéal de la valeur : résistants à l’usure, poinçonnables à souhait et dont l’aloi est relativement aisément vérifiable. L’impossibilité de maintenir l’ancrage pour des raisons conjoncturelles locales conduisit au décrochage de certaines devises, dont les taux flottèrent désormais. Le dernier fil connectant les devises à l’or fut défini à Bretton Woods en 1944 : l’once d’or vaudrait 35 dollars et c’est par rapport à cette donne que les autres devises se définiraient.

En 1971, le président Nixon, désancra le dollar de sa parité à l’or sans consultation préalable. Le fil était coupé : le taux de change des devises les unes par rapport aux autres évoluerait désormais selon sa propre dynamique. La preuve était faite que la monnaie peut fonctionner sans être soutenue par aucune réalité plus tangible que le faitque tout un chacun y recourt parce que tout le monde autour de lui en fait autant.

Au sein d’un monde où chaque devise est convertible en chacune des autres, les taux de change s’établiraient en fonction du rendement des capitaux dans chacune des zones monétaires, déterminé lui par sa richesse globale, le régime fiscal qui prévaut localement et le rapport de forces entre investisseurs, fournisseurs de capital, et entrepreneurs, en position de demandeurs.

Après 1971, le dollar poursuivit sur la lancée que lui avait offerte son ancrage solitaire à l’or qui justifiait, sur le plan des représentations, son statut de devise de référence. Or l’or n’y était pour rien : il avait suffi que s’instaure une dynamique justifiant ce statut. Il fallait que le monde soit avide de dollars et que les Américains soient en retour avides des marchandises qui s’échangent contre leur devise.

Le mouvement se serait sans doute poursuivi moins longtemps qu’il ne l’a fait si la Chine, en voie d’industrialisation rapide, n’avait constitué la partenaire idéal dont l’Amérique avait besoin. Pendant que la Chine se gavait de dollars, l’Amérique se gavait elle de marchandises que la Chine produisait. Mieux : les achats massifs par la Chine de la dette américaine maintenaient aux États-Unis des taux d’intérêt bas (Greenspan n’y était pour rien !), permettant à leurs consommateurs de s’endetter toujours davantage.

Ce processus à sens unique conduisait droit au précipice. Il y aboutirait en 2007. Après quelques hésitations, l’Amérique a choisi de répondre par la fuite en avant :l’argent qui manque dans une nation où l’État est tout aussi criblé de dettes que ses citoyens, on l’imprimera, et le dollar émis sans qu’aucune création de richesse en soit la contrepartie se dévaluera inéluctablement.

La Chine s’inquiéta [en 2009] du fait que la valeur de sa cassette se réduirait comme peau de chagrin et elle se tourna désormais vers le monde : le dollar étant bientôt bon à jeter, dit-elle, créons une nouvelle monnaie de référence. Les droits de tirage spéciaux émis par le FMI pourraient faire l’affaire, leur taux de change se détermine par celui d’un panier de devises.

La



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.